De l'Amour et du poil

qui est une rediffusion avec bonus de

JAMAIS SANS MES BÊTES

Des bêtes, rien que des bêtes !




Alors là nous sommes dans du bonheur pur. Nous sommes famille d'accueil pour une association de la Martinique : "L'espoir pour une nouvelle vie". Entièrement bénévoles (ce qui signifie pas un centime de bénéfice, j'insiste là-dessus), nous hébergeons des chiens de l'association quelques temps, histoire de les réconcilier avec les humains et de leur trouver une famille d'adoption. Nous avons déjà 6 chiens à nous (dont 2 de cette association et trois de la SPA). Idem pour les chats (5 !). Tout le monde s'entend parfaitement et le soir quand on visionne un film, il y a au moins 10 paires d'yeux qui suivent... Inutile de dire que l'abonnement à Canal Peluche est largement amorti !!!

Nous désirions faire quelque chose de plus pour les associations. D'où l'idée de rassembler sur un même recueil plusieurs nouvelles sur les animaux (dont certaines primées lors de concours). Entièrement crée par nos soins, ma femme et moi, et auto-édité, ce recueil représente le cadeau idéal pour une personne qui adore les bêtes et qui, comme nous, ne pourrait vivre sans elles. J'y ai ajouté quelques photos de nos "protégés" et une partie des bénéfices sera reversée à des associations animalières nécessiteuses...

Oscar y veillera !

Il y a 5 ans sortait "Jamais sans mes bêtes". La sortie fut un peu précipité et quelques erreurs se produisirent, dont l'absence de numérotation de pages. Au vu du succès du livre, je décidais de l'éditer à nouveau sous le titre "De l'amour et du poil" dans un format plus petit, avec une dixième nouvelle et un prix inférieur. Les histoires sont donc les mêmes, la dernière est en plus...


Extrait...

Éric...


...Je me nomme Eric, mais depuis ma naissance, tout le monde m'appelle « Ric ». Lui, c'est François. Il n'a jamais eu de diminutif, juste François. Nous sommes nés le même jour, à quelques pas l'un de l'autre. Quelqu'un nous a dit un soir que c'était déjà le signe du destin : deux naissances presque au même endroit, à quelques secondes d'intervalle. Pourtant, nos familles étaient fort différentes. Ses riches parents avaient fêté sa venue trois jours durant. Pendant ce temps, ma mère, seule, avait veillé jusqu'à l'aube fragile, guettant un signe néfaste à travers ma respiration sifflante. Quelques secondes d'intervalle, vingt mètres de distance, deux mondes si dissemblables...

Mes premiers souvenirs de François datent de la nuit des temps. Alors que ma mère me laissait déjà vagabonder alentours, ses parents le cloîtraient encore dans une illusoire sécurité, retardant le plus possible sa découverte du monde, de ses plaisirs mais surtout de ses dangers. Quoi qu'il en soit, à notre première rencontre, nous avons tout de suite sympathisé. Et quand l'âge fut venu de prendre le chemin de l'école, nous décidâmes de l'emprunter de concert... Mais je m'aperçois que j'ai oublié de vous parler du village. Le nôtre se niche dans un recoin d'Aquitaine, quelque part dans la campagne luxuriante, au bord de l'océan majestueux. Il est pareil à des milliers en France. Ruelles tortueuses, étroites et pavées, murs séculaires, toits de fières ardoises, un port étroit où se nichent de frêles embarcations chamarrées, ses lignes tourmentées paraissent braver le temps et les hommes. Ses âmes sont aussi différentes que possible, vieilles ridées comme de jaunes reinettes, vieux recourbés sur leur canne, avec sur les lèvres un goût de sel, jeunes fiers et turbulents, adultes suspicieux et hardis à la tâche...Et nous...

L'école est au centre du village, une bâtisse grise, rectangulaire (« dont le périmètre est égal à la somme du double de chaque côté » : à copier dix fois, sacrebleu !). Les salles sont froides, murs sépia, avec un tableau noir barbouillé de craie qui fouille le fond de votre âme. Le matin, nous quittons la maison dès potron-minet. Nous arpentons les rues inégales, bondissant sur les trottoirs endormis jusqu'à la haute grille en fer forgé, en priant d'arriver bien avant que la cloche ne lance son glas soudain. Le soir, nous fuyons cet endroit et rentrons en nous poursuivant comme gendarme et voleur, riant avec tout l'éclat de nos dix ans bien sonnés. Deux jeunes turbulents et si heureux de vivre que les vieux en soupirent...

& & &

En y repensant, je crois bien que mon malaise a pris corps dimanche matin. Alors que nous nous bousculions autour du même ballon, j'ai soudain ressenti une violente douleur au creux de mes reins...

Denis Julin - Littérature, nouvelles et polars
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