Pas de paradis pour Saint-Pierre

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Résumé :

Limoges, septembre 2019, 5 mois avant le confinement...

Mon premier est un joueur, victime d'accident de la route.

Mon deuxième est un autre joueur, victime d'accident de la route.

Mon troisième est un jeune flic chargé de l'enquête.

Mon quatrième...

Mon tout est une plongée au sein même du Cercle Saint-Pierre, cet emblématique club de basket de Limoges. À l'heure d'un difficile changement de présidence, qui en veut à ses membres ? Quelle vengeance décime soudainement les rangs de ses prestigieux joueurs ? Romain Brunie, jeune papa et capitaine de police, secondé par son équipe, aura fort à faire pour démêler mensonges et vérités dans un match ultime contre la mort qui rôde...

Mais peut-on sortir indemne d'un tel combat ?

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De nouveau, l'auteur parcourt les rues de la ville, puisant dans son histoire pour conjuguer fiction avec réalité. Une enquête pleine de surprises et de rebondissements, au son du cuir qui martèle le sol et des filets qui s'entrouvrent... 

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Prix : 15 € (+ 6 € frais envoi : en suivi ET dédicacé !!!) Contactez moi pour les détails (en bas de page)

Extrait !

Le petit hameau de Saint-Raphaël sur Groin ne payait pas de mine. Jadis prospère et consacré à l'élevage du porc, il ne présentait désormais aux passants qu'un ensemble de ruines, fermes abandonnées, exploitations délaissées, hangars hors d'âge... Quelques maisons subsistaient encore, quelques âmes farouches accrochées à leurs terres comme des bulots à un rocher, familles pauvres ne sachant où aller et résignées à suivre l'antique devise du canton : "Tempus Narrabo", modifiée ici en « Qui vivra verrat ! ». Romain se gara un peu en retrait de l'église, sise au centre du hameau. Un corbillard antédiluvien montait la garde devant le porche, un break Peugeot 505 orné de lanternes à chaque angle de toit. Derrière le volant, une momie desséchée montait la garde en ronflant comme un bombardier, le tout en offrant une vue imprenable sur sa dentition asymétrique.

- Un beau spécimen d'humanité, soupira Crauchet en imposant par prudence le silence à ses maxillaires croqueurs de M&M's colorés.

Accrochée au flanc droit du bâtiment, une fourgonnette aux couleurs de FR3 Limousin ronronnait lentement. À travers les vitres on apercevait deux têtes brunes vérifiant caméras et appareils photos : la presse était à pied d'œuvre ! La porte de l'église grinça en s'ouvrant, ce qui fit se retourner une bonne partie de l'assistance. Les deux hommes s'insérèrent dans la dernière travée, s'asseyant en priant pour se faire oublier. Romain jeta un regard sur les murs décrépits, la voûte noircie par le suif des bougies, les statues ébréchées. L'ensemble transpirait l'abandon et la misère. Ce n'était pas Saint Raphaël, c'était Saint « Trop peu » !!! Le chemin de croix lui-même, incliné à 45 degrés, paraissait incongru, chaque station se détachant des murs lépreux comme si elle voulait le fuir. De plus, il régnait dans la bâtisse un froid insidieux qui se glissait sous les vêtements pour vous mordre avidement la chair... Romain en frissonna.

En se tordant le cou, il comptabilisa l'assistance. Pas plus de soixante personnes, ce qui était peu par rapport à la notoriété du défunt. La famille était au premier rang, une femme voilée de noir, sa mère probablement. À sa droite, son mari, un homme sec aux cheveux gris, vêtu d'un costume trop épais pour la saison (mais certainement adéquat pour l'intérieur de l'église !). Derrière, une ribambelle de vieilles bigotes, les éternelles harpies de bénitier, promptes à disséquer les événements. Romain s'en désintéressa pour se consacrer à la partie de gauche. De l'autre coté de la travée, c'était autre chose. Une dizaine d'hommes dressaient leur fière stature vers les ogives du plafond. Il reconnut Sageaud au premier rang...

Dans la nef, le curé officiait. Bien en chaire, le gros homme parlait de la mort, de la rédemption, de la vie au-delà de la conscience humaine. À l'entendre, on aurait pu croire que le défunt avait de la chance d'être là, débarrassé des contingences terrestres pour embrasser une vie éternelle source de joies. Romain écoutait à peine. Il ne croyait pas en Dieu, quel qu'il soit, mais respectait les croyances des autres. Par contre, il se mettait en boule quand on essayait de le convertir... En boule athée même ! Un grincement sinistre se fit entendre : l'oraison funèbre touchait à sa fin et l'ecclésiaste quittait son perchoir. Il reprit pied sur les dalles, s'empara d'un lourd encensoir, y mit le feu puis tourna autour du catafalque en empuantissant l'atmosphère. Il invita finalement l'assistance à bénir le corps. Brunie observa attentivement chaque personne. Les coups de goupillon variaient selon celui qui tenait le manche : secs ou saccadés pour certaines femmes, lents pour d'autres. Les hommes s'emparaient de l'ustensile et le maniaient rapidement, comme s'ils désiraient s'en débarrasser au plus vite. Tout le monde paraissait triste, visage grave...

La suite fut assez rapide. Quatre employés des pompes funèbres vinrent soulever le cercueil pour l'emmener vers la lumière. De tailles différentes, ils faisaient de louables efforts pour tenir l'ensemble droit malgré les vestes étriquées, passées sur des lainages de circonstance, qui gênaient leurs mouvements. Ils furent accueillis sur le parvis par les flashes des reporters, opérant en même temps des prises de vues de l'assistance. En arrivant près du break, l'un d'entre eux donna un coup de pied discret dans l'aile, réveillant le Ramsès qui sommeillait toujours à l'avant du véhicule. Après quelques borborygmes, le sémillant personnage vint ouvrir le hayon. Le défunt disparût dans les profondeurs de la Peugeot tandis que la foule s'alignait derrière en attente du départ. Le démarreur claqua mais ne s'enclencha pas. Après deux essais infructueux, l'ancêtre leva le bras. Imperturbables, les 4 porteurs s'arc-boutèrent sur le pauvre corbillard, le poussant vers l'avant pour un démarrage en prise. Fumée noire, claquements de bielles, le fourgon mortuaire s'ébranla enfin en direction du cimetière...

- Blaigne aurait apprécié, murmura Romain en souriant. Lui qui aimait les belles mécaniques...

Il n'y avait que 800 mètres pour y parvenir mais cela se fit au pas de course, tout cela à cause d'un ralenti trop haut et de la peur de caler sans pouvoir redémarrer. Les hommes marchèrent plus vite, soutenant les femmes à la traîne. Quand aux bigotes, connaissant les faiblesses de la Peugeot pour la subir à chaque cérémonie, parties en avance, elles étaient déjà sur place. Crauchet rigolait en sourdine mais, comme Romain, demeurait attentif. Finalement, après l'avoir extrait du break, le corps fut déposé au bord d'une fosse glaciale, creusée à même la terre. Le curé mania encore une fois le goupillon, arrosant au passage l'assistance d'eau consacrée. Après quelques bonnes paroles lancées dans la bruine, le cercueil fut descendu, les cordes récupérées et la foule se dispersa... Dehors, l'équipe de journaliste filmait et questionnait les têtes connues, Sageaud en tête...

- On rentre, soupira Brunie...

Denis Julin - Littérature, nouvelles et polars
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